jeudi 30 septembre 2010

La Tunisie et Bâle III

Voilà une question que m’a posé certains de mes collègues au moment où tout le monde en Europe, aux Etats-Unis passant par la Chine et le Japon essayait de mieux cerner ces nouvelles « directives » ou réglementations et comprendre leur impact sur leur système financier et plus généralement le système économique mondial et que toute la presse mondiale, spécialisée ou pas, se déchaîne sur la question. Alors pourquoi pas nous aussi, nous ne cherchons pas à traiter la question sous notre angle ?

Rappelons que les accords de Bâle III étaient prévus initialement pour 2015, mais crise financière oblige, ces nouveaux accords ont été anticipés et viennent d’être publiés et doivent être entérinés lors du sommet du G20 en Novembre à Séoul.
Sans rentrer dans les détails techniques de la réforme, citons qu’elle a pour principaux objectifs de renforcer la capacité des banques à résister à de nouvelles crises et surtout les banques d’importance systémique ou ce qu’on appelait les « too-big-to-fail ».

Revenons maintenant à notre contexte Tunisien et rappelons « fièrement » que malgré la crise mondiale notre secteur financier est en bonne santé et affiche depuis des années des taux de croissance importants atteignant parfois les deux chiffres chez certaines banques cotées. Rappelons aussi que suite aux efforts de la banque centrale depuis quelques années, on voit les actifs des banques s’améliorer nettement et être mieux provisionnés.
Cependant, tout le monde ou presque s’accorde pour dire que nos banques sont trop petites comparées à celle de pays ayant le même niveau de développement ; si on se compare au Maroc, par exemple, le total de bilan du champion national Attijariwafa Bank est, presque, trois fois plus important  que ceux des trois plus importantes banques tunisiennes BIAT, STB, et BNA réunies.

Ceci étant exposé, je dirait que les accords de Bâle III ne nous concernent en aucun cas (en tout cas pour le moment), pour deux raisons très simples : nos banques sont trop petites (pas de banques à risque systémique chez nous) et nos banques sont en bonne santé.

Mais, depuis quelques mois et avec l’annonce d’un projet de fusion STB-BH,  tout le monde s’accorde pour dire qu’il nous faut un champion local, une très grosse banque en Tunisie, un mastodonte de la finance locale. Outre le fait que nos voisins ont de très grandes banques, la première raison avancée est le fait d’avoir des banques capables de financer seules de très gros projets. Deuxième principales raison, est que ladite banque aura la possibilité de prendre des risques plus importants.

Si on s’arrête à ces deux arguments, je dirai qu’on doit s’y mettre très vite à Bâle III, mais avant ça à Bâle II et créons une banque géante qui lorsqu’elle coulera, nous coulera tous avec elle, qu’elle soit conforme à Bâle III ou Bale XXII, mais ça c’est un autre débat !
Je finirai par une citation de Warren Buffet qui dit  “Of one thing be certain: if a CEO is enthused about a particularly foolish acquisition, both his internal staff and his outside advisors will come up with whatever projections are needed to justify his stance. Only in fairy tales are emperors told that they are naked”.

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas si le système bancaire Tunisien est saint ou pas … (je laisse quand même le bénéfice du doute malgré l’activité fortement basée sur le retail), toutefois le déploiement de Bâle, et je vous rejoins sur le fait qu’il faut déjà commencer par le commencement, représenterais au-delà des coûts une forte valeur ajoutée (je pense notamment à l’économie de fonds propres et à la valeur de rachat des banques en elles-mêmes).
    Quant au risque systémique, comme vous le dite « les banques Tunisiennes sont petites » or dans un système bancaire que je qualifierai de consanguin - terme barbare mais : taille de marché petite, activité quasi-identique et marché interbancaire à huit clos, ces facteurs, à mon avis, font que la maitrise du risque systémique doit être prioritaire. Il suffit peut être d’imaginer ce que donnera une seule faillite dans cet environnement en ajoutant un environnement socio-politique bien tendu ( je ne vous fait pas le topo , vous le connaissez)
    Enfin c’est un grand sujet à débattre est cela change de voir de bons sujets bien ficelés 
    Courage l’ami consultant

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